
Face à une demande croissante en protéines animales et aux défis d’un marché mondial en tension, la Côte d’Ivoire met en place une stratégie ambitieuse pour atteindre l’autosuffisance en viande et poisson. Lors de l’émission “Les Rendez-vous du Gouvernement”, le ministre des Ressources animales et halieutiques, Sidi Tiemoko Touré, a détaillé les avancées et perspectives du secteur.
Accompagné du ministre de la Communication, Amadou Coulibaly, et de la directrice du CICG, Awa Dosso, il a mis en avant les mesures prises pour structurer les filières, moderniser la production et réduire la dépendance aux importations.
Les chiffres clés de la production animale et halieutique en 2024
La Côte d’Ivoire dispose d’un potentiel immense dans les filières animales et halieutiques, mais plusieurs défis freinent son développement : coût élevé de l’alimentation animale, infrastructures limitées et faible productivité des élevages traditionnels.
Grâce à des initiatives comme le Projet de Modernisation du Secteur Avicole (PMSA) et le Projet d’Installation des Abattoirs de Côte d’Ivoire (PAVCI), les résultats sont encourageants :
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7,5 millions de poulets de chair produits en 2024 (+10 % vs 2023).
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240 bâtiments d’élevage clé en main installés.
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6 nouveaux abattoirs industriels en construction.
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2 360 reproducteurs porcins et ovins distribués pour améliorer la génétique du cheptel.
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Système d’identification des animaux lancé pour lutter contre le vol de bétail et optimiser la traçabilité.
Dans le secteur halieutique, la Côte d’Ivoire mise sur l’aquaculture, avec l’essor des centres d’alevinage privés et des projets de pisciculture visant à tripler la production d’ici 2027.
Une politique structurée pour booster la production locale
Le gouvernement a structuré cinq grandes filières animales et halieutiques, reconnues officiellement le 12 mars 2025 :
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Gros ruminants (bœuf, buffle)
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Petits ruminants (mouton, chèvre)
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Porcs
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Aquaculture (poissons d’élevage)
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Pêche (ressources halieutiques naturelles)
Des mesures phares pour réduire les coûts de production :
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Exonération partielle des taxes douanières (7 à 15 %) sur les intrants alimentaires.
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Création d’une banque nationale de gènes fourragères pour développer une alimentation animale locale.
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Mise en place du Fonds de Garantie du Secteur Avicole (FGSA) et d’un Fonds de Promotion des Productions Animales et Halieutiques (prévu pour 2025-2027).
Les solutions pour accélérer l’autosuffisance alimentaire
Pour franchir un nouveau cap et faire de la Côte d’Ivoire un leader régional de la production animale et halieutique, plusieurs leviers sont envisagés :
1. Renforcer la recherche et l’innovation
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Développer des aliments locaux moins coûteux, en partenariat avec le Centre National de Recherche Agronomique (CNRA).
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Selon la FAO, l’Afrique pourrait réduire de 20 % ses coûts d’élevage en valorisant les sous-produits agricoles.
2. Accélérer l’essor de l’aquaculture durable
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Exploiter les 3,5 millions d’hectares de plans d’eau pour tripler la production aquacole.
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Encourager les investissements dans les fermes piscicoles modernes.
3. Moderniser les marchés et abattoirs
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Construire des marchés à bétail modernes et numériser les transactions pour stabiliser les prix de la viande.
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Lutter contre les intermédiaires abusifs, qui rendent certains produits inaccessibles aux consommateurs.
4. Encourager la consommation locale
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Lancer une campagne nationale pour promouvoir la consommation de viande et poisson “Made in Côte d’Ivoire”.
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Sensibiliser les 30 % de la classe moyenne sur les bénéfices d’une consommation locale.
Une vision ambitieuse pour 2025-2027
Le ministre Sidi Tiemoko Touré appelle le secteur privé à s’investir davantage dans la transformation et la commercialisation. “Nous créons un cadre propice, mais c’est aux entrepreneurs de saisir cette opportunité”, a-t-il insisté.
Avec un marché en forte croissance, une stratégie structurée et des investissements ciblés, la Côte d’Ivoire se positionne comme un futur hub de la production animale et halieutique en Afrique de l’Ouest.
L’objectif : atteindre l’autosuffisance d’ici 2027 et exporter vers les marchés voisins.