
Après les indépendances de 1960, 2 géants de la distribution régnaient sans partage sur le marché du cinéma en Côte d´Ivoire: Comacico & Secma! La ville d’Abidjan comptait une vingtaine de salles de cinémas qui étaient approvisionnées en films soit par l’un ou par l´autre.
Les salles étaient réparties comme suit dans ce qu’il convient d’appeler aujourd’hui communes:
Treichville: Rio, El Mansour, ABC, Entente, Vox, Plaza(climatisé)
Adjamé: Al Akbar, El Hadj, Liberté, El Malick, Lux, Roxy, Royal
Koumasi: Ouezzin, Fraternité
Attiécoubé: Benin
Plateau: Le Rex devenu le Paris, les Studios
Marcory: Magic
Cocody: cinéma Ivoire
Port-Bouet: il en existait un sans nom fait de bois & de tôles en face du marché de la banane non loin du phare mais qui a fait depuis les frais de l’avancée de la mer. Et un autre à quelques pas du „carrefour“,non loin du commissariat actuel.
Abobo et Yopougon: quartiers naissants n’avaient pas encore de salles de projection.
Il y avait un engouement réel surtout pour les films cow-boys, hindous,bibliques, karaté, “siciliens” sans oublier ceux qui mettaient en scène les gladiateurs et les noirs américains.
Les héros s’appelaient, pêle-mêle, Lee Van Cleef (Talby), Livio Lorenzo (devenu plus tard le nom générique de tous ceux qui faisaient coco taillé), Yul Brynner, Giuliano Gemma alias Montgomery Wood qui detient la paternité du “friking ou fritchine” (je sais pas trop comment le transcrire).
Gregory Peck (le père de Damien dans “Malédiction”), Fernando Sancho, Mumtaz Mahal, Bruce Lee, Franco Nero, Christopher Lee (Dracula), Jim Brown, Jim Kelly, Richard Roundtree (Shaft), Dilip, Raj & Shammi Kapoor, Amitabh Bachan…
Cet engouement a favorisé l’éclosion d’une génération de cinéastes très talentueux. On peut citer Désiré Écaré, Henri Duparc (qui a fui la dictature de Sékou Touré pour venir s´installer à Abidjan), Roger Gnoan Mbala, Kitia Touré.
C’était l’âge d’or du cinéma, de l’art, de la musique, bref de la culture.
Abidjan était la plaque-tournante, le creuset de la production des œuvres de l’esprit. De grands noms de la musique tels que Manu Dibango, Boncana Maiga, Moni Bilé (il dormait sous le pont Houphouet), Tshala Muana, Eko Roosevelt (il travaillait à la Pyramide), le sénégalo-gambien Labbah Sosseh (fut marié à Thérèse Taba), Kanté Manfila, Salif Keita & son acolyte Mory Kanté qui jouaient dans les rues de la capitale dans ce qu’on appelait à l´époque les matinées apollo lors des mariages, baptêmes et fêtes musulmanes des communautés malinkés.
Côté théâtre on avait :
Moussa Kourouma & son ensemble “Les compagnons d’Akaty”,
Wèrè-Wèrè Liking & sa “villa Kiyi”,
Marie-Rose Guiraud & ses “Guirivoires”,
Souleymane Koly & le “Koteba”.
Abidjan, c’était tout simplement la place à découvrir pour être découvert. Johnny Hallyday, Claude Francois, Mireille Mathieu, Carlos, James Brown, Pelé, Rochereau, GG Vickey,
– Un Recit de Treichvillois ( Twitter : @Treichvillois )