
Larissa Adèle Krouwa : Une Vie Dédiée au Changement Social et à l’Inspiration des Communautés
Reconnaissable par son engagement indéfectible envers les causes sociales et humanitaires, Larissa Adèle Krouwa est une figure emblématique du changement social en Côte d’Ivoire. Depuis plus d’une décennie, elle consacre sa carrière à soutenir les populations les plus vulnérables et à développer des stratégies innovantes. Dans cette interview, nous découvrons son parcours exceptionnel, ses motivations profondes, et l’impact durable de son travail sur les communautés.
Abidjan Magazine : Larissa, pouvez-vous nous parler de votre parcours dans le domaine du changement social et comportemental, et ce qui vous a motivée à commencer à travailler avec des populations hautement vulnérables en 2010 ?
Larissa Adèle Krouwa : Rien ne me prédestinait à travailler avec les populations hautement vulnérables, car j’étais initialement engagée dans le commerce dès ma première année d’université, avec l’ambition de faire carrière dans les ressources humaines. Cependant, la vie réserve parfois des surprises. Mon parcours a véritablement débuté en 2010, lorsque je poursuivais une maîtrise en sociologie appliquée à la gestion des entreprises. À ce moment-là, mon objectif principal était de travailler dans les ressources humaines. Mais ma rencontre avec Dr Thiam-Niangoin Marguerite, alors directrice coordonnatrice du Programme National de Lutte contre le Sida chez les Populations Hautement Vulnérables (PLS-PHV), a été déterminante. Les défis auxquels faisaient face les Travailleuses du Sexe (TS), les Hommes ayant des rapports Sexuels avec d’autres Hommes (HSH), et les Usagers de Drogue (UD) ont suscité en moi un profond appel. C’est ainsi que j’ai intégré ce programme en août 2010.
Abidjan Magazine: Vous avez participé à de nombreuses études et élaboré des documents stratégiques pour les populations vulnérables. Pouvez-vous partager quelques enseignements clés de votre travail qui ont influencé votre approche ?
Larissa Adèle Krouwa : Mon parcours a été jalonné d’innovations et d’apprentissages. J’ai eu le privilège d’être parmi les premières à utiliser l’outil d’évaluation technique et opérationnelle des organisations (TOCAT) et de contribuer à la première étude biologique et comportementale auprès des HSH en Côte d’Ivoire. J’ai également fait partie de la première vague d’agents contractuels du PLS-PHV. Ces expériences ont enrichi ma carrière et m’ont permis de rédiger des documents essentiels, tels que des plans stratégiques, des manuels de procédures, des rapports d’études, et bien d’autres. Ces compétences ont été déterminantes pour améliorer la qualité de nos interventions et répondre efficacement aux besoins des populations.
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Abidjan Magazine : En tant que gestionnaire de projets humanitaires, quels sont les aspects les plus gratifiants et les plus difficiles de votre rôle, notamment avec des organisations comme FHI 360 et l’Université Johns Hopkins ?
Larissa Adèle Krouwa : Mon expérience au PLS-PHV m’a ouvert les portes de FHI 360 en mars 2017, où j’ai supervisé et suivi les performances de dix organisations. Le projet avait démarré en 2016 avec des résultats en deçà des attentes, et avec une équipe réduite, nous avons travaillé d’arrache-pied pour inverser la tendance. Deux ans plus tard, j’ai été promue conseillère technique pour la communication pour le changement de comportement, puis j’ai rejoint Johns Hopkins en 2020 en tant que gestionnaire senior de projet. Ce parcours m’a appris l’importance de la formation continue et du respect des collaborateurs, deux éléments essentiels pour surmonter les défis et maintenir des relations de travail solides.
Abidjan Magazine : Vous avez fondé le Cabinet Social Science Consulting pour améliorer les services offerts par les organisations. Qu’est-ce qui vous a motivée à créer ce cabinet et comment a-t-il évolué depuis sa création en 2016 ?
Larissa Adèle Krouwa : En 2016, après avoir remporté un marché international avec mon mentor Rebecca Kpolo, nous avons décidé de formaliser notre expertise en lançant Social Science Consulting. Entre 2016 et 2020, nous avons réalisé une vingtaine d’études et formé de nombreux sociologues. En août 2020, nous avons inauguré notre première formation en collecte, traitement et analyse des données qualitatives, suivie de formations en suivi et évaluation de projet, ainsi qu’en planification et rédaction de projets. À ce jour, plus de 800 clients ont suivi nos programmes de formation. Notre cabinet offre maintenant des services complets en recherche sociale et en formation, couvrant toutes les étapes du cycle de vie d’un projet.
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Abidjan Magazine : Compte tenu de votre vaste expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes souhaitant se lancer dans le travail humanitaire et la gestion de projets ?
Larissa Adèle Krouwa : Je conseillerais aux jeunes femmes de croire en leur potentiel dans le domaine humanitaire. Même si l’expérience est souvent exigée, il est essentiel de profiter des périodes de vacances pour acquérir des compétences aux côtés de professionnels, même bénévolement. Il est également crucial de choisir soigneusement ses partenaires de vie afin d’éviter que des relations toxiques ne compromettent leur parcours professionnel. Depuis l’année dernière, notre cabinet soutient les jeunes femmes dans leur processus de guérison émotionnelle, leur permettant d’attirer des opportunités positives.
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Abidjan Magazine : Vous êtes également conférencière d’inspiration, auteure et active dans le bénévolat. Comment parvenez-vous à équilibrer tous ces rôles, et qu’est-ce qui motive votre engagement pour la croissance des communautés ?
Larissa Adèle Krouwa: Mon engagement se manifeste à travers divers projets sociaux : Toastmasters International, les conférences d’inspiration, le Réseau Solidaire Social et Participatif, les éditions Nouveaux Horizons, mon blog littéraire La Cit’Adèle, et le groupe de lecture Les Femmes qui lisent. Mes livres, “Le patron c’est toi” et “Le guide du Vice-Président à l’Éducation chez Toastmasters International”, sortiront en juillet. J’interagis avec une communauté de 10 millions de personnes sur les réseaux sociaux, où je partage mes idées et mes aspirations. Ma motivation principale est de montrer que chacun peut être maître de sa destinée. Mes partages ont un véritable impact, et les distinctions reçues pour mon travail renforcent mon engagement à inspirer et à aider les autres.
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Abidjan Magazine : Merci, Larissa, pour cet entretien inspirant et pour tout ce que vous faites pour la communauté.
Larissa Adèle Krouwa : Merci à vous.
Le parcours de Larissa Adèle Krouwa est un témoignage vivant de la puissance de l’engagement social et de la persévérance. En choisissant de consacrer sa vie à l’amélioration des conditions des populations vulnérables, elle incarne les valeurs d’altruisme et de leadership éclairé. À travers ses actions, Larissa nous rappelle que chacun de nous a la capacité de devenir un vecteur de changement positif. Son travail, sa détermination et son esprit d’innovation sont une source d’inspiration non seulement pour les jeunes femmes qui rêvent de faire une différence, mais aussi pour tous ceux qui croient en un avenir meilleur. À l’heure où le monde a besoin de modèles de résilience et d’empathie, Larissa Adèle Krouwa nous montre la voie, prouvant que la passion et le dévouement peuvent réellement transformer des vies.