La pollution de l’air à Abidjan : Quand les cimenteries étouffent les habitants

La pollution de l’air à Abidjan : Quand les cimenteries étouffent les habitants

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À Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire, l’essor industriel, bien qu’essentiel au développement, a un coût souvent passé sous silence : la dégradation de la qualité de l’air. Dans le quartier de Treichville, cœur battant de la ville, plusieurs cimenteries installées à proximité des zones résidentielles sont devenues une menace quotidienne pour la santé des populations. Cet article explore les impacts de la pollution de l’air liée aux industries du ciment à Treichville, s’appuie sur des exemples similaires dans d’autres régions et propose des pistes pour un avenir plus sain.

Treichville : Une coexistence toxique entre usines et habitations
Treichville, l’une des communes les plus dynamiques d’Abidjan, abrite plusieurs cimenteries implantées à quelques mètres des habitations. Parmi elles, des noms comme LAFARGE HOLCIM (SOCIAMT), la Société des Ciments d’Abidjan (SCA), et CIM IVOIRE (filiale du groupe CIM METAL GROUP de l’homme d’affaires burkinabé Inoussa Kanazoé) sont des acteurs majeurs dont les activités impactent directement la qualité de l’air. Ces usines, produisant du clinker et du ciment, rejettent dans l’atmosphère des poussières fines, des particules de PM2,5 et PM10, ainsi que des gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone (CO2). Un rapport publié en avril 2021 par France 24 décrit un « voile blanc et épais » recouvrant le quartier France-Amérique à Treichville, où les riverains vivent sous une couche de poussière de ciment qui s’infiltre dans leurs maisons, leurs poumons et leur quotidien. Ce phénomène, accentué par une urbanisation rapide et une planification urbaine déficiente, illustre une industrialisation mal encadrée, comme le souligne le texte de dénonciation : « Les rues vivent sous les nuages gris d’une industrialisation mal encadrée, et les foyers respirent l’invisible poison de la négligence. »

Les conséquences sanitaires sont alarmantes. Les poussières de ciment, riches en silice et en métaux lourds, sont associées à des maladies respiratoires comme l’asthme, la bronchite chronique et même des cancers pulmonaires à long terme. À Treichville, les toux persistantes, les irritations oculaires et les allergies sont devenues monnaie courante, en particulier chez les enfants et les personnes âgées. Un article de lebanco.net daté d’avril 2024 rapporte que les habitants du quartier France-Amérique vivent « quotidiennement une pollution liée au ciment », avec des impacts directs sur leur santé. Le cri d’alarme lancé dans le texte – « Le rôle d’un État n’est pas de défendre les cheminées, mais de protéger les poumons » – résonne comme un appel urgent à l’action.

Un problème structurel : L’industrie au cœur des villes
La situation à Treichville n’est pas un cas isolé. À Yopougon et Attécoubé, deux autres communes d’Abidjan, des quartiers comme Andokoi souffrent également des rejets des cimenteries. Un article de nordsud.info publié en août 2021 mentionne la pollution à Attécoubé, où les riverains subissent les « affres du ciment » le long de la voie express Adjamé-Yopougon. Cette proximité entre zones industrielles et résidentielles est le fruit d’une urbanisation anarchique, où les usines, autrefois installées en périphérie, se retrouvent aujourd’hui entourées de nouvelles habitations. Comme le texte le souligne avec justesse : « La ville a changé, ses contours ont glissé, les usines se retrouvent là où les hommes dorment. »

Exemples internationaux : Des leçons à tirer
Pour illustrer l’ampleur du problème et les solutions possibles, d’autres cas à travers le monde offrent des perspectives utiles :
* Lagos, Nigeria : À Ewekoro, une communauté située près d’une cimenterie exploitée par Lafarge, les habitants ont signalé des niveaux élevés de poussières et des problèmes respiratoires similaires à ceux de Treichville. Des études ont montré que les émissions de particules fines dépassaient les normes internationales, entraînant une augmentation des hospitalisations pour maladies respiratoires. Face à la pression communautaire, l’entreprise a investi dans des filtres à particules et des programmes de reboisement, réduisant partiellement les émissions.
* Dhaka, Bangladesh : Dans la capitale bangladaise, les usines de ciment situées en périphérie urbaine rejettent des polluants qui affectent des millions de résidents. Le gouvernement a imposé des réglementations plus strictes, obligeant les cimenteries à adopter des technologies de contrôle des émissions, comme des dépoussiéreurs électrostatiques, et à délocaliser certaines installations vers des zones industrielles dédiées.
* Le Caire, Égypte : Le quartier d’Helwan, proche d’une cimenterie, a été surnommé « la vallée de la mort » en raison de la pollution extrême. Après des manifestations massives, les autorités ont fermé temporairement l’usine et exigé des améliorations technologiques avant sa réouverture, tout en lançant un plan de délocalisation progressive des industries polluantes.

Ces exemples montrent qu’une combinaison de réglementation stricte, d’investissements technologiques et de délocalisation peut atténuer les impacts de la pollution industrielle. Ils appuient l’exigence formulée dans le texte : « Il faut aujourd’hui délocaliser. Avec méthode, avec respect, mais avec fermeté. »

Des solutions pour Abidjan : Agir avant qu’il ne soit trop tard
Pour répondre à la crise de la pollution de l’air à Treichville et dans d’autres quartiers d’Abidjan, plusieurs mesures s’imposent :
* Délocalisation des cimenteries : Comme le souligne le texte, déplacer les usines vers des zones industrielles éloignées des habitations est une « exigence morale ». Cela nécessite une planification urbaine rigoureuse et des incitations financières pour les entreprises.
* Renforcement des normes environnementales : La Côte d’Ivoire doit adopter des normes plus strictes sur les émissions industrielles, en s’inspirant des standards internationaux. Les cimenteries devraient être équipées de filtres à particules et de systèmes de surveillance en temps réel.
* Sensibilisation et mobilisation communautaire : Les habitants doivent être informés des risques et soutenus dans leurs démarches pour exiger des comptes. Des initiatives comme celle de Bli Blé David, secrétaire général de la centrale syndicale Dignité, qui a dénoncé la présence de cimenteries près du CHU de Treichville lors de la fête du travail 2025, montrent l’importance de la société civile.* Investissements dans les énergies propres : Réduire la dépendance aux combustibles fossiles dans la production de ciment, en favorisant des alternatives comme le ciment à faible émission de carbone, pourrait limiter les rejets polluants.
* Suivi sanitaire : Des campagnes de dépistage des maladies respiratoires et des études épidémiologiques sont nécessaires pour évaluer l’impact réel de la pollution sur les populations et orienter les politiques publiques.

Le progrès ne doit pas asphyxier
La pollution de l’air causée par les cimenteries à Treichville est plus qu’un problème environnemental ; c’est une question de justice sociale et de dignité humaine. Comme le texte le proclame avec force : « À quoi bon croître, si c’est pour affaiblir ceux pour qui l’on prétend construire ? » Les autorités ivoiriennes, les industriels et la société civile doivent unir leurs efforts pour protéger les poumons des habitants d’Abidjan. En s’inspirant des expériences internationales et en écoutant les cris des riverains, il est possible de concilier développement économique et qualité de vie. Car, comme le rappelle le texte, « on ne débat pas quand la vie se dégrade, on agit. »

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