
C’est avec une profonde tristesse que le monde de la musique a appris le décès d’Amadou Bagayoko, survenu vendredi à Bamako à l’âge de 70 ans. Membre emblématique du duo Amadou & Mariam, aux côtés de sa femme Mariam Doumbia, cet artiste malien hors du commun a marqué des générations par sa voix, sa guitare et son histoire inspirante. Selon les informations relayées par sa famille et confirmées par le ministre de la Culture malien, Amadou s’est éteint des suites d’une maladie, laissant derrière lui un héritage musical riche et universel.
Amadou Bagayoko, né en 1954 à Bamako, a grandi dans un Mali vibrant de traditions et de sonorités. Aveugle depuis l’adolescence, il n’a jamais laissé son handicap freiner sa passion pour la musique. C’est à l’Institut des Jeunes Aveugles de Bamako qu’il rencontre Mariam Doumbia, elle aussi non-voyante, dans les années 1970. De cette rencontre naît une histoire d’amour et une collaboration artistique exceptionnelle. Ensemble, ils forment le duo Amadou & Mariam, surnommé “le couple aveugle du Mali”, qui deviendra une référence mondiale, mêlant les rythmes traditionnels maliens à des influences blues, rock et pop.
Leur ascension internationale débute véritablement avec l’album *Dimanche à Bamako* (2004), produit par Manu Chao. Ce disque, porté par des titres comme “La Réalité” ou “Sénégal Fast Food”, leur ouvre les portes des scènes du monde entier, de l’Europe aux États-Unis. Leur musique, à la fois festive et engagée, raconte les joies simples, les luttes quotidiennes et l’espoir d’un peuple. Amadou, avec sa guitare électrique au son reconnaissable entre mille, et Mariam, avec sa voix envoûtante, ont su transcender les frontières culturelles et linguistiques.
Au-delà de leur talent, Amadou & Mariam incarnaient une leçon de résilience. Leur cécité, loin d’être un obstacle, est devenue une force, un symbole de détermination. “Nous voyons avec nos cœurs”, disaient-ils souvent, une phrase qui résonne aujourd’hui comme un testament à leur philosophie de vie.
La disparition d’Amadou Bagayoko est une perte immense pour le Mali et pour le monde de la musique. À Bamako, où il a passé ses derniers jours, les hommages affluent déjà. Le ministre de la Culture a salué “un ambassadeur exceptionnel de la culture malienne”, tandis que les fans, sur les réseaux sociaux, partagent leurs souvenirs de concerts mémorables et de chansons qui ont marqué leur vie.
Mariam Doumbia, désormais seule, perd un partenaire de vie et de scène. Leur complicité, tant dans l’intimité que sous les projecteurs, était le cœur battant de leur art. Si la voix d’Amadou s’est tue, ses mélodies continueront de résonner à travers le temps, portées par les disques, les mémoires et l’amour indéfectible de ceux qu’il a touchés.
En ce jour de deuil, Abidjan Magazine s’associe à la douleur de la famille d’Amadou, de Mariam et de tous les admirateurs de ce duo légendaire. Repose en paix, Amadou Bagayoko, toi qui as illuminé le monde avec ta musique, même dans l’obscurité. Ton étoile brillera à jamais dans le ciel de Bamako et au-delà.