40 ans de l’institution Miss Côte d’Ivoire (1985-2025)

40 ans de l’institution Miss Côte d’Ivoire (1985-2025)

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Quatre décennies d’élégance et de rayonnement des femmes ivoiriennes

Le 20 juillet 1985, une jeune lycéenne de 17 ans montait sur la scène du Palais des Congrès de l’Hôtel Ivoire à Abidjan pour recevoir la première couronne officielle de Miss Côte d’Ivoire. Rose-Armande Oulla, élève en classe de seconde au Lycée Classique d’Abidjan, ne se doutait pas qu’elle inaugurait une institution qui marquerait quatre décennies de l’histoire culturelle ivoirienne.

Quarante ans plus tard, en 2025, le concours Miss Côte d’Ivoire célèbre un anniversaire exceptionnel. De cette première édition télévisée à aujourd’hui, l’événement s’est transformé en véritable institution nationale, valorisant non seulement la beauté physique, mais aussi l’intelligence, l’éloquence et l’engagement social des jeunes Ivoiriennes.

Les racines d’une tradition

L’histoire de Miss Côte d’Ivoire ne commence pas en 1985. Deux femmes avaient déjà porté ce titre prestigieux dans un cadre encore informel. En 1956, Marthe Niankoury devient la toute première Miss Côte d’Ivoire, ouvrant une voie que Monique Kessié empruntera en 1965. Ces premières éditions, bien que significatives, manquaient de la structure et de la régularité qui caractériseront plus tard le concours.

C’est l’arrivée du célèbre coiffeur Garo Hasbanien qui va tout changer. Aux côtés de Mahamadou Ben Soumahoro et Massi Domingo, il crée en 1985 le Comité Miss Côte d’Ivoire (COMICI), donnant enfin au concours la structure professionnelle qu’il méritait. Cette organisation permet non seulement de rendre l’événement annuel, mais aussi de le diffuser à la télévision nationale, transformant ce qui était un simple concours local en spectacle national.

Rose-Armande Oulla, une pionnière couronnée de succès

Le parcours de Rose-Armande Oulla illustre parfaitement l’ambition du nouveau concours. Cette jeune femme de 17 ans ne se contente pas de porter la couronne ivoirienne, elle la fait briller sur la scène internationale. Quelques mois après son sacre, elle s’envole pour Londres où elle représente la Côte d’Ivoire au concours Miss Monde 1985. Sa performance est remarquable : elle atteint la 22e place mondiale et devient 1ère dauphine de Miss Afrique, une prouesse qui place immédiatement le concours ivoirien sur la carte internationale.

Les organisateurs n’avaient pas lésiné sur les moyens pour cette première édition officielle. Rose-Armande Oulla repart avec un impressionnant ensemble de prix : 2,5 millions de FCFA en espèces (1,5 million du COMICI et 1 million d’AMIGOS), une Renault 5 GTL flambant neuve d’une valeur de 4 millions de FCFA avec assurance et cours de conduite inclus, des bijoux précieux, des séjours en France et au Brésil, une assurance-vie de 5 millions de FCFA, et bien d’autres cadeaux. Cette générosité témoigne de l’importance accordée dès le départ à ce nouveau rendez-vous annuel.

Mariée plus tard à Eugène Diomandé, président du club Séwé Sport de San Pédro, Rose-Armande Oulla a su capitaliser sur son titre pour maintenir une présence notable dans la société ivoirienne, devenant un modèle pour les futures candidates.

Une organisation qui se professionnalise

L’évolution du concours prend un tournant décisif en 1996 avec l’arrivée de Victor Yapobi à la présidence du COMICI. Sous sa direction, l’organisation se structure davantage avec un comité exécutif de 6 membres et des comités régionaux à travers tout le pays. Cette nouvelle architecture permet d’instaurer des critères stricts et un processus de sélection rigoureux.

Les candidates doivent désormais répondre à des exigences précises : être de nationalité ivoirienne, âgées de 17 à 25 ans, mesurer au minimum 1,68 mètre, être célibataires et sans enfant, avoir un casier judiciaire vierge et posséder un niveau scolaire minimum. Ce dernier critère a d’ailleurs évolué avec le temps : si la classe de seconde suffisait initialement, le niveau baccalauréat est devenu obligatoire depuis 2022, témoignant de l’importance croissante accordée à l’éducation.

Le processus de sélection lui-même s’est sophistiqué. Les 33 miss régionales sont d’abord réduites à 12 candidates lors d’une présélection basée sur des critères physiques, d’élocution, de comportement et de culture générale. Un vote combiné du jury et des téléspectateurs désigne ensuite les 5 finalistes, avant que le public ne choisisse définitivement sa Miss et ses quatre dauphines.

Des reines qui marquent leur époque

En quarante ans, 37 femmes ont porté la couronne de Miss Côte d’Ivoire, chacune apportant sa personnalité et sa vision à cette institution. Marie-Françoise Kouamé, couronnée en 1986, illustre parfaitement cette diversité. Cadre dans une banque à Abidjan, elle fonde en 2007 l’Amicale des Miss de Côte d’Ivoire (AMISS-CI), créant un réseau solidaire entre les anciennes lauréates et leur permettant de s’impliquer dans des actions caritatives.

D’autres ont brillé par leurs parcours professionnels diversifiés. Nadia Gaëlle Yoboué (2001) est devenue analyste financière tout en développant ses propres entreprises de pâtisserie et d’esthétique. Lynda Delon (2000) a choisi la musique, sortant trois albums et menant une carrière artistique remarquée. Ces trajectoires montrent comment le titre peut servir de tremplin vers différents domaines d’excellence.

Plus récemment, Olivia Yacé a marqué l’histoire du concours en 2021 en devenant 2e dauphine de Miss Monde, la meilleure performance ivoirienne depuis Rose-Armande Oulla. Son succès international a d’ailleurs conduit les organisateurs à durcir les critères d’admission, exigeant désormais le niveau baccalauréat pour garantir le niveau culturel des candidates.

Un engagement social croissant

Au-delà de la beauté et de l’élégance, Miss Côte d’Ivoire est devenu une plateforme d’engagement social. L’AMISS-CI organise régulièrement des campagnes de sensibilisation contre le VIH/SIDA et multiplie les visites dans les établissements scolaires. Les lauréates participent également aux initiatives gouvernementales, notamment celles de l’Agence Emploi Jeunes pour le financement de projets entrepreneuriaux.

Cette dimension sociale s’est renforcée avec l’extension du concours à la diaspora. Depuis 2002, le COMICI-EU organise des élections pour les Ivoiriennes de l’extérieur, particulièrement en France, créant un lien précieux avec les communautés ivoiriennes à l’étranger. En 2024, Lyse Amissah, Miss Côte d’Ivoire/France, s’est ainsi distinguée par son engagement dans la sensibilisation à l’endométriose, montrant comment ces titres peuvent porter des causes de santé publique.

Les défis d’une institution moderne

Le parcours de Miss Côte d’Ivoire n’a pas été exempt de controversies. En 2014, des accusations d’abus et de favoritisme ont visé Victor Yapobi, président du COMICI, bien qu’il ait fermement nié ces allégations. Ces polémiques ont soulevé des questions sur la gouvernance du concours et la pression exercée sur les candidates.

La préparation au concours reste en effet exigeante, nécessitant une discipline physique et mentale rigoureuse. Les candidates suivent des régimes stricts, s’entraînent intensivement à la marche et perfectionnent leur éloquence pour pouvoir représenter dignement leur pays sur les scènes nationales et internationales.

Les récentes évolutions des critères ont également suscité des débats. L’interdiction des perruques et extensions capillaires en 2025, visant à promouvoir la beauté naturelle africaine, divise les opinions. Certains y voient une valorisation nécessaire de l’identité culturelle, d’autres une restriction qui pourrait limiter l’accès au concours.

Miss Côte d’Ivoire 2025 : tradition et modernité

L’année 2025 marque un tournant symbolique avec ce 40e anniversaire. La finale du 28 juin prochain désignera la successeure de Diamala Marie-Emmanuelle, Miss Côte d’Ivoire 2024, dans un contexte où le concours a su allier tradition et modernité.

Les candidates d’aujourd’hui bénéficient de formations approfondies à la prise de parole en public et au développement personnel, renforçant leur rôle d’ambassadrices. Elles sont préparées non seulement à incarner la beauté ivoirienne, mais aussi à porter des messages et des causes qui leur tiennent à cœur.

Le COMICI, toujours dirigé par Victor Yapobi, continue d’exporter le savoir-faire ivoirien en matière d’organisation de concours de beauté, servant de modèle à d’autres pays de la région. Cette expertise reconnue place la Côte d’Ivoire parmi les nations qui comptent sur la scène internationale des concours de beauté.

Un héritage qui traverse les générations

Quarante ans après ce premier couronnement de Rose-Armande Oulla, Miss Côte d’Ivoire s’impose comme bien plus qu’un simple concours de beauté. L’institution a traversé les époques en s’adaptant aux évolutions sociales, culturelles et technologiques du pays.

De Marthe Niankoury en 1956 à Diamala Marie-Emmanuelle en 2024, en passant par toutes celles qui ont porté cette couronne prestigieuse, chaque Miss a contribué à enrichir un héritage unique. Elles ont non seulement incarné la beauté et l’élégance ivoiriennes, mais ont aussi porté des valeurs d’engagement, d’intelligence et de solidarité qui dépassent largement le cadre du concours.

Aujourd’hui, alors que la Côte d’Ivoire regarde vers l’avenir, Miss Côte d’Ivoire reste un symbole fort de l’excellence féminine ivoirienne. L’institution continue d’évoluer, intégrant les enjeux contemporains tout en préservant les valeurs qui ont fait son succès. Dans un monde en constante mutation, cette stabilité et cette capacité d’adaptation font de Miss Côte d’Ivoire une véritable ambassadrice des talents et de la beauté de la femme ivoirienne.

Les prochaines décennies promettent de nouvelles pages d’histoire pour cette institution qui a su, en 40 ans, se hisser au rang des références continentales et internationales, portant fièrement les couleurs de la Côte d’Ivoire aux quatre coins du monde.

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