Dans un témoignage poignant qui fait écho aux préoccupations de nombreux Abidjanais, Leticia Koudou, analyste d’affaires basée aux États-Unis, livre ses impressions contrastées sur l’évolution de la capitale économique ivoirienne à l’issue de son récent séjour.

“Mon cœur est partagé entre admiration et frustration”

Revenue à Abidjan après plusieurs mois d’absence, cette professionnelle multilingue, experte en amélioration des processus et en satisfaction client, partage une analyse lucide et sans concession.

“Je suis rentrée d’Abidjan avec le cœur partagé… Entre admiration et frustration,” confie-t-elle. “Admiration, parce que oui, j’ai vu des avancées visibles : de nouveaux ponts, des infrastructures modernes, des projets d’envergure qui témoignent d’un progrès indéniable.”

Le choc des tricycles

Ce qui a particulièrement marqué Leticia Koudou cette année, c’est l’apparition massive de tricycles et de petites motos dans les rues d’Abidjan, un phénomène absent lors de son précédent passage en août 2023.

“Ce fut un choc visuel et émotionnel,” explique-t-elle. “Ces moyens de transport, bien que pratiques pour certains, dévalorisent le paysage urbain et plongent la ville dans un chaos anarchique, presque archaïque. Abidjan aspire à être une capitale moderne, rayonnante à l’international… Pourtant, ces véhicules contredisent totalement cette ambition.”

Au-delà du béton : un développement humain à construire

Avec son regard d’analyste, Leticia Koudou pointe les inefficacités systémiques qu’elle a observées dans les services publics, les administrations, l’aéroport, et même certaines structures privées. “Lenteur extrême, manque de professionnalisme, mauvaise gestion des flux, et une dépendance systémique aux ‘contacts’ pour avancer,” déplore-t-elle.

Elle partage avec une sincérité désarmante une anecdote personnelle : malgré ses principes d’intégrité, elle a fini par utiliser ses relations pour contourner des lenteurs administratives. “Je n’acceptais pas de sacrifier une journée entière pour un service qui, ailleurs, prendrait dix minutes,” justifie-t-elle. Ce constat, selon elle, révèle un système qui pousse même les plus intègres à emprunter des raccourcis.

Une vie chère sans les standards correspondants

Leticia Koudou alerte également sur le coût de la vie, qu’elle juge exorbitant. “La vie à Abidjan est chère, extrêmement chère,” souligne-t-elle. “On y trouve désormais des prix européens, sans le confort ni les standards de vie de l’Europe. C’est inacceptable.”

Ce décalage est d’autant plus frappant que les salaires, les conditions de vie et les filets sociaux ne suivent pas cette flambée des prix, creusant un fossé préoccupant.

Un appel vibrant aux leaders à l’approche de 2025

À l’approche de l’élection présidentielle de 2025, Leticia Koudou adresse un message fort aux responsables politiques ivoiriens : “J’appelle nos leaders, tous bords confondus, à intégrer une vision humaine du développement dans leurs programmes.”

S’inspirant de Muhammad Yunus, elle rappelle que “le développement, ce n’est pas des gratte-ciels, c’est l’amélioration de la vie des gens.”

Des valeurs plutôt que du béton

Pour conclure, Leticia Koudou plaide pour un changement de paradigme : “Ce n’est plus de béton dont nous avons besoin, mais de valeurs.” Elle énumère celles qui, selon elle, doivent guider la Côte d’Ivoire :

• Intégrité contre corruption.
• Ordre contre désordre.
• Excellence contre médiocrité.
• Harmonie contre confusion.
• Paix contre guerre.
• Patriotisme contre tribalisme.
• Intérêts de la Côte d’Ivoire avant les intérêts personnels.

Son message final résonne comme un appel à l’action : “Développons les hommes, et les hommes développeront le pays !”